Travail sur la climatologie du temps passé – évolution du climat en Moselle Alsace Méthodologie : PARTIE 1 Les sources et le traitement des données : Elles sont d’abord personnelles car, très curieux des conditions que nos régions ont connu par le passé, je me suis souvenu des nombreuses notes que j’avais prises depuis 1975 dans des centaines d’ouvrages alsatiques (impossibles de citer tous ici) et j’ai épluché environ 50 cahiers de notes manuscrites pour en ressortir tous les évènements qui, de près ou de loin, pouvaient nous donner des indications sur les conditions météo de jadis, ceci aussi loin dans le temps que ces évènements nous étaient connus. Cette recherche reste plutôt « littéraire » que scientifique puisqu’elle ne se base que sur des écrits parfois fort anciens qui sont loin de donner toutes les garanties exigées pour un travail de précisions mesurables d’autant plus qu’elles ne donnent pas souvent des indications chiffrées sur les évènements en question. Ces données, parfois exagérées ou même relatées des années après les évènements qu’elles décrivent, peuvent bien entendu être sujettes à caution, néanmoins elles témoignent de faits qui ont été suffisamment marquants et impressionnants pour être notés par les contemporains de l’époque afin de les transmettre à la postérité. Une fois ces données transcrites dans un fichier informatique, il a fallu les compléter par des données plus scientifiques que j’ai pu trouver dans des ouvrages sur l’évolution du climat se basant par exemples sur des études dendrologiques (étude des coupes d’arbres), l’étude des glaciers (recul, période d’avancée des glaciers, leur relation avec le climat de ces époques), l’étude des carottes de glaces anciennes et des mesures réelles faites dans des conditions plus scientifiques principalement au cours des 3 derniers siècles. Je citerais entre autres un ouvrage de référence : l’excellente « Histoire du Climat depuis l’An Mil » de Le Roy Ladurie. Il a fallu également dresser de grandes lignes sur l’évolution de notre climat en me basant sur des études déjà réalisées et en y incluant les données locales qui, grosso modo, avec quelques écarts ponctuels, correspondent bien aux variations du climat du NO de l’Europe entre flux océanique et influence continentale. Une fois ces périodes globales bien cernées, il est intéressant de noter les variations au sein de chaque période qui peut comporter des interstades plus ou moins chauds ou froids, plus ou moins humides ou secs, plus ou moins venteux. Le résultat a donnée un fichier de plus de 1600 « entrées » comportant près de 3000 données ! Intéressant, non ? D’autant plus que ce travail sera encore affiné au fur et à mesure de nos recherches. Les données : Elles sont de deux natures : * Les données strictement météorologiques relatées en tant que telles * Les données liées directement ou indirectement aux conditions météorologiques Les données météorologiques : Il s’agit principalement de données sur des évènements qui ont eu, soit un caractère brutal et subit, soit un caractère durable sortant de l’ordinaire, ou encore un caractère vraiment hors norme notamment quand des saisons étaient hors du commun par exemple : Des hivers qui ont marqué leur temps Des périodes de chaleurs, de canicule Des périodes pluvieuses et/ou neigeuses Des périodes de sècheresse Les tempêtes et les ouragans Les orages Les hivers : Longtemps il n’y a pas eu de mesures précises avant l’invention du thermomètre mais les anciens ont bien noté les phénomènes liés au froid, parfois bien datés, par exemple : les cours d’eau et le Rhin qui gèlent sur une durée plus ou moins longue et qu’on peut traverser à pied ou même avec des chariots chargés les pierres qui éclatent sous l’effet du gel ( ce qui n’est pas forcément un signe de grand froid) les produits alimentaires qui gèlent comme le vin dans les barriques qu’il faut débiter à la hache ( un bloc de Riesling, Monsieur ?) les oiseaux qui tombent gelés du ciel …… et puis la débâcle des cours d’eau, la hauteur de la couche de neige et la durée de neige au sol, la fonte des neiges, …..autant d’éléments, souvent conjugués, qui peuvent nous donner une idée assez nette des hivers en questions sans pour autant en posséder toutes les clefs. Les périodes de chaleur et les canicules : Même remarque que précédemment sur le manque de mesures précises des données les plus anciennes ; les observations qui peuvent être considérées comme très subjectives sont souvent significatives notamment sur la durée des périodes chaudes, de l’ensoleillement, mais ces faits peuvent être corroborées aux dates des moissons, des vendanges et des récoltes qui nous renseignent sur la réalité de ce type de temps par leur précocité, leur quantité et leur qualité. Les précipitations : Les données nous donnent beaucoup d’informations sur la durée des période de pluie ou de neige, sur la fréquence, sur la brutalité de ces phénomènes (ou météores, n’est-ce pas Jérôme Heyd) et sur leurs conséquences : les crues et les inondations ; les données nous renseignent aussi sur les cours d’eau et les zones ou communes concernées par ces phénomènes, sur les dommages causés : récoltes détruites, villages engloutis à jamais par le Rhin « en colère », les coulées de boue, les effondrement de digues ou carrément de pans de montagne…. Longtemps on ne mesurait pas les quantités de pluie tombées jusqu’à l’invention du pluviomètre. Pour la neige c’est un peu la même chose : la hauteur de la couche de neige a souvent été mesurée, comme l’état des voies de communication parfois impraticables avec les congères, comme la durée de l’enneigement et les effets du redoux. Les périodes de sècheresse : On a trouvé de nombreuses notes sur la durée des périodes sèches et les conséquences visibles : pas ou peu de précipitations, la saison concernée, les signes concrets comme les sources qui tarissent, la durée de l’étiage des cours d’eau, du Rhin…. Mais aussi leur conséquence : les moissons brûlées (= desséchées) par le soleil, le raisin qui sèche sur les ceps, les feux de forêts (eh oui comme dans le Midi), …mais aussi récoltes pauvres, manque de fourrage pour le bétail qu’il fallait parfois abattre et s’en nourrir à défaut de pouvoir le nourrir. Le vent, les tempêtes, les ouragans : Ce sont des phénomènes beaucoup plus rares mais plutôt bien datés quand ils sont isolés, moins quand les phénomènes apparaissent souvent au cours d’une même année : c’est surtout par leur conséquence qu’ils sont connus, comme les dégâts causés aux forêts, aux habitations, aux monuments, châteaux, églises, …. Les orages : Ces phénomènes par leur violence ou par leur fréquence sont en général assez bien datés comme les précédents car très ponctuels et souvent localisés avec précision : les données décrivent les dégâts causés par la foudre et les incendies qui en résultent souvent, la violence des orages ( vent, pluies diluviennes, phénomènes électriques) est souvent bien décrite. La grêle et les grêlons aussi sont notées moins par curiosité (hauteur de grêle dans les rues) que pour leur conséquence : destruction entière ou partielle des récoltes, dommages sur les personnes, le bétail et les biens quand il s’agit de grêlons. La suite de la méthodologie du travail sur l’évolution du climat en Moselle Alsace dans le prochain numéro de notre newsletter ! Jean Sébastien Beck |