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Le drapeau noir flotte sur les jardins et les vergers : fraises abîmées, rares cerises juste bonnes pour les oiseaux, roses esquintées avant même d’être ouvertes, haricots plus riches de feuilles que de fleurs, tomates en grand danger de mildiou… En revanche, les chardons, pissenlits, liserons, pourpiers et autres mauvaises herbes se portent à merveille, merci pour eux, d’autant que les averses incessantes ne laissent guère le loisir de les arracher. « On ne pouvait pas attendre autre chose d’une année bissextile, grogne mon frère dont les vergers ont souffert du gel d’avril. Ce sont toujours des années de rien. Avec toute cette flotte, les fraises ont pourri et, maintenant, il faut tendre le dos avec les orages : à côté, ils ont eu de la grêle le 21 en guise de musique, et tout ce qui n’était pas gelé y est passé. » Vous l’avez peut-être remarqué, en ce début d’été pourri, on n’entend plus parler de réchauffement climatique. La tendance serait plutôt à en revenir aux vieux dictons : « Vous avez vu, me dit un voisin, il a plu à la Saint-Médard et Saint-Barnabé ne lui a pas cassé le nez puisqu’on a eu des averses ce jour-là ! » Non, je n’avais pas vu, même si Médard et Barnabé figurent toujours au calendrier alors que tant d’autres prénoms, pourtant plus usuels, ont disparu corps et biens. Mais de toute façon, comme il a plu quasiment tous les jours… N’empêche que si l’on calcule, quarante jours de pluie à compter du 8 juin, cela nous emmène quand même jusqu’au 18 juillet ! Déjà qu’on n’a pas pu mettre le nez dehors le jour de la Fête de la Musique et que nul ne s’est risqué à organiser un feu de la Saint-Jean… Sans parler des barbecues : pas question de s’attarder sur la terrasse dans la douceur du soir. D’ailleurs, dans les assiettes, la raclette serait plus appropriée que les brochettes ! |