Pendant des dizaines d’années, les rivières ont été systématiquement aménagées voire recalibrées. Leurs rives ont été bétonnées, les zones humides « assainies » et récupérées pour des activités humaines, l’eau a été captée pour l’irrigation des cultures : conséquence, des crues et des inondations difficiles à contrôler, et la disparition d’espèces animales et végétales qui vivent en fonction des rivières. Or, « les crues sont essentielles à la respiration des fleuves », souligne le WWF, Fonds mondial de la nature organisateur d’un récent Forum "Vivre avec les crues". Elles permettent de nettoyer le lit des fleuves, de recharger les nappes alluviales, « essentielles pour le stockage et l’épuration de l’eau », de remodeler les habitats des espèces qui « ont besoin de ces perturbations», telles la sterne ou le brochet. « Les oiseaux ont besoin de rives riches, de bras morts », dit Jean-René Malavoi, de l’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), qui poursuit : « Les zones humides peuvent jouer le rôle d’éponge, favorisant la dissipation de l’énergie des crues ». Selon l’ONU, un milliard de personnes vivent dans des zones très exposées aux inondations, et leur nombre devrait doubler d’ici 2050. Sans compter la multiplication des événements extrêmes résultant du changement climatique, a rappelé Jean-Stéphane Devisse, directeur des programmes du WWF, qui invite à « anticiper, le plus en amont possible ». Les coûts directs des inondations se chiffrent entre 100 millions et 1 milliard d’euros pour les plus récentes, selon Nicolas Bouduceau, directeur scientifique et technique du Centre européen de prévention du risque d’inondation. Sans oublier les conséquences indirectes (logements provisoires, insécurité, dysfonctionnement des transports et des hôpitaux…) |
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