vendredi, le 10 AVRIL 2009Lettre d'informations n°21 - CLI.M.A. 57-67-68
Nouveautés et informations sur l'association CLI.M.A. 57-67-68,
météo, climato et photo en Alsace-Moselle.
1] L’administratif
La date officielle de notre AG qui aura lieu le vendredi 8 mai 2009 à 14h30 à Saverne.
La convocation avec l'ordre du jour et les coordonnées du lieu d'accueil vous parviendra.
2] Le bilan du mois de mars
Le bilan du mois de mars
Un mois de mars en demi-teinte
Nous avons eu droit à des changements du jour au lendemain.
Le 1er
Un début de mois sous un soleil timide avec de belles éclaircies et des voiles nuageux avec des températures matinales légèrement négatives comprises entre -1.6°C et +5°C et des maximales assez douces comprises entre +11.6°C et +15.9°C avec de très faibles pluies.
Le 2
Douceur humide
Un ciel très nuageux à couvert assez dense sur l’ensemble des régions. Cette chape de grisaille a encore occasionné quelques faibles pluies par endroits. Les températures maximales sont en nette recul par rapport au 1er mars de +7°C à +12°C dans le sillon Mosellan.
Du 3 au 4
Plus doux et plus lumineux
Après, quelques nappes de brouillards matinaux et des températures négatives de -3°C sous les éclaircies nocturnes, mais +5°/+6°C sous le brouillard.
Des bancs de nuages élevés ou des voiles plus ou moins denses ont circulé sur la région laissant quand même la place à de larges plages ensoleillées. Les températures affichées +10°C à +15°C.
Du 5 au 6
Retour du froid et de fortes précipitations pluviaux-neigeuses
Après un nuit froide comprise entre -5°C à +1°C au levé du jour avec des maximales dépassant difficilement les +3°C.
Les pluies se sont généralisées avec, par endroit, des flocons se mêlant avec de la neige. Les cumuls sont important sur le nord . Des stations ont enregistré des cumuls sur les 2 jours qui avoisinent les 50mm !!
Du 7 au 8
Plus calme mais toujours pluvieux accompagné de Giboulées.
Les conditions météo se sont bien améliorées avec des éclaircies laissant les températures remonter accompagnées par des averses de pluies beaucoup moins fortes laissant de faibles cumuls avec un maximum de 1mm.
Du 9 au 12
Régime de giboulée et venteux.
Dans un ciel très changeant, des éclaircies plus ou moins durables ont alterné avec des passages parfois imposant et menaçants des nuages occasionnant des averses par moments devenant de plus en plus fréquentes à partir de la mi-journée. Parfois fortes et orageuses. Certaines régions sont passées à travers des giboulés.
Du 13 au 23
Un brin printanier
Nous avons gardé un régime changeant avec des belles éclaircies ou très nuageux parfois . Pour résumer, un temps changeant avec des températures très fraîches le matin -6°C/-1°C et pas assez douces pour les maximales l’après-midi +15°C.
Du 24 au 29
Mais où est donc passé le printemps ?
Un ciel de traine plus ou moins actif s’est installé sur l’ensemble de la région avec de brèves éclaircies. Les nuages, parfois denses, nous ont donné des averses parfois fortes et orageuses mêlées par endroit de grêle, de grésil et de gros flocons. Les minimales de 0°C/1°C et pour les maximales +7°C /+12°C. Des fortes rafales ont accompagné ces journées surtout en fin de période avec une maximale de 65km/h
Du 30 au 31
Variable et encore assez frais
Retour au calme pour la fin du mois
Une fois la fraîcheur matinale dissipée , nous avons retrouvés un franc soleil avec quelques passages nuageux accompagné d’un vent sensible et des rafales de plus de 43.3km/h mais les températures n’ont pas crevé le plafond avec +16°C au maximum.
Conclusion
Nous avons eu droit à un mois de mars changeant, venteux, pluvieux, neigeux le tout accompagné de périodes d’un beau temps mais hélas beaucoup trop rare.
3] Souvenirs d'orages très violent en Moselle est et explication
Situation à 500hpa du 2 juin 1994 à minuit :
Jet stream à 200hpa: ( direction également des orages)
la suite dans le prochain numéro
Réalisé par Mike
4] les photos du mois de mars
Difficile pour le jury de faire un choix parmis les 69 photos postées ce mois, il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs, nous pensons aussi voir les derniéres prises de vue enneigées à moins que Pâques nous réserve encore des surprises comme l'année derniére! A noter nos encouragements à Jocumulus de Hommert qui nous a fait un beau cliché avec ces 30 cm de neige dans sa rue.
Pour le jury, Jean-Luc
Ma rue ce matin à Hommert, le 07.03.09 à 10h40 par Jocumulus.jpg
Soleil en Alsace prés d'Obernai, le 07.03.09 à 9h10 par Arnaud Schutz.jpg
Derniers champs de neige à Wingen sur Moder, le 07.03.09 à 18h00 par Jean Beck.jpg
Retour au calme ce soir à Saverne (Port du Canal) le 11.03.09 à 18h20 par Jean Beck.jpg
Des couleurs réjouissantes à Wimmenau Parc Vosges du Nord, le 13.03.09 à 18h30 par Jean Beck.jpg
Bonjour et bonsoir à Waldhambach, le 13.03.09 à 18h00 par Alain Deichel.jpg
5] Les giboulées
Qui ne connaît pas les giboulées du mois de mars qui nous font passer en quelques instants du printemps à l'hiver ? Cette année le mois de mars nous a fait la surprise de nous fabriquer quelques beaux specimens ! C'est que les giboulées sont l'un des signes les plus évocateurs du changement de saison, à l'arrivée du printemps ! Mais ces phénomènes parfois spectaculaires peuvent encore se produire courant mai, même si cela reste exceptionnel !
Les giboulées sont en général de courtes averses qui naissent sous des rafales de vent avec un cortège de pluie, grêle, grésil, neige roulée ou neige fondante qui tombent la plupart du temps de manière modérée à forte, voire très forte ! Au cours de ces giboulées vous avez souvent relevé dans vos stations une chute importante de la températures, qui a un effet parfois violent quand le vent accentue la sensation de froid. La plupart du temps les éclaircies réapparaissent rapidement derrière les giboulées et font remonter les températures de manière tout aussi spectaculaire, faisant fondre en un temps record les accumulations de neige ou de glace qui ont pu se déposer, parfois même en couche de quelques centimètres. La luminosité devient alors intense !
Ces giboulées, mais comment se forment-elles ? En fait elles proviennent de l'instabilité de l'atmosphère porvoquée par des différences de températures importantes entre les basses couches, qui se réchauffent déjà très vite au soleil dès le mois de mars, et les couches plus élevées où circulent encore des masses d'air glaciales. Plus l'écart des température est élevée, plus vite se forment d'imposants courants ascentionnels qui forment des nuages très instables, se gonflant comme des baudruches. L'humidité transportée vers les hauteurs se condense et le phénomène de congélation de la vapeur d'eau se produit dans l'air glacé.
Le phénomène des giboulées se produit souvent dans un ciel de traîne après le passage d'un front froid; l'air froid d'altitude qui s'engouffre derrière de l'air plus doux se trouve en contact avec les ascendances douces et humides provenant des basses couches réchauffées. Plus la traîne est active, plus les giboulées seront fréquentes et fortes. Ces giboulées se forment le plus souvent au cours de la journée, car l'action des rayons déjà chauds du soleil est un des facteurs d'accélération du phénomène; les après-midis sont souvent les plus agités et les giboulées perdent de leur puissance dès le déclin du soleil en soirée.
Bien entendu les giboulées ne peuvent se former que dans les nuages dus aux courants ascendants comme les cumulus congestus ou, en plus gros, les cumulonimbus, ceux qui donnent les orages de l'été. Le ciel a donc souvent un aspect déchiqueté avec de nombreux cumulus, plus ou moins volumineux, qui se déplacent à différents étages dans un ciel chaotique tout en changeant de forme et de couleur en fonction de leur épaisseur, de l'éclairage solaire ou du jeu d'ombre qui se dessine entre les nuages. Le ciel est de toute façon très changeant ! Les giboulées peuvent se produire tout à fait brutalement et ne sévir que de brefs moments avant le retour des rayons de soleil qui nous paraissent alors encore plus chauds et plus agréables après le raffraichissement ressenti sous les précipitations et les bourrasques qui accompagnent généralement les giboulées.
Quand les courants ascendants sont forts, parfois violents, le phénomène de congélation de l'eau s'accélère et permet la formation de véritables grains de glace, appelés grêle; les plus gros grains deviennent des grêlons (voir chapître sur ce phénomène). Quand la température baisse au sol jusqu'à avoisiner les 0°, la neige peut aussi remplacer la pluie, ce qui arrive souvent en montagne, et alors, on peut se retrouver en quelques instants dans une ambiance totalement hivernale.
Les giboulées sont donc des phénomènes de l'inter-saison qui se manifestent le plus généralement de mars à avril, mais épisodiquement elles peuvent être générées de février jusqu'à la fin mai. On note que la ville de Brest à la particularité d'être sujette aux giboulées durant tout l'hiver de par sa situation profondément enfoncée dans l'océan atlantique : ainsi, l'air froid du continent se retrouve en contact avec l'air océanique plus doux, ce qui crée également une forte instabilité pouvant donner des giboulées hivernales, par effet inverse. Ce sont les zones situées en bordure des mers et des océans qui sont de toute façon les plus exposées aux giboulées avec une fréquence plus importante pour le NO de la France. Aux abords des massifs montagneux ces phénomènes sont également plus fréquents car la montagne favorise les courants ascendants : le Massif Central est souvent en première ligne. En revanche, ce sont les régions du Bassin Méditerranéen qui sont les moins concernées.
Jean Beck
6] Grêle et grêlons
Le mois de mars nous a gâté avec ses giboulées, ses chutes de neige mouillée mais aussi avec le grésil et même de la grêle sous les averses les plus fortes. C'est que la nature peut parfois se montrer rude quand les masses d'air s'entrechoquent comme ce fut le cas lors de la fin du mois. L'alsace et la Moselle connaissent périodiquement des orages de grêle ou de grêlons, qui, comme le relatent d'anciennes chroniques ou des articles de presse, ont pu occasionner d'importants dégâts dans les forêts, les cultures et même les bâtiments.
Pour ce qui est de la grêle, ça commence toujours par des courants d'air chaud s'élevant en altitude et pénétrant dans de l'air froid, ce qui forme des cumulonimbus ou « cb » au sein desquels les courants ascendants peuvent devenir vigoureux. Le sommet de ces « cb » peut atteindre des altitudes très élevées, de plus de 10.000 m avec des températures glaciales inférieures par moment à -50°C. A ces hautes altitudes la vapeur d'eau va geler rapidement en formant des cristaux de glaces qui, eux-mêmes, vont agglutiner de la vapeur d'eau qui va se congeler autour de leur noyau, formant au départ de petites billes de glace.
Comme les turbulences dans les « cb » sont assez capricieuses, ces petites glaçons vont se trouver projetés dans plusieurs couches humides et ils vont grossir peu à peu jusqu'à trouver le point de rupture lorsque leur poids devient plus important et /ou quand le courant ascendant faiblit. Alors, c'est la chute vertigineuse vers le bas et, avec la poursuite du phénomène de congélation, l'humidité continue à se condenser autour des glaçons.
Nous , les anciens, nous nous souvenons très bien de la terrible grêle du 11 août 1958 où les grêlons ont pris des tailles démesurées, frôlant les 980 g pour certains specimens; ce fut vraiment impressionnant, je l'ai vu, de mes yeux vu, j'entends encore ces véritables blocs de glace se fracasser sur les toits, la végétation, les voitures...... une catastrophe ! A regarder de près ces grêlons, ils étaient formés de plusieurs couches de glace, les unes sur les autres, un peu comme c'est le cas pour les peaux superposées des oignons.
La plus grosse chute de grêlons au monde tomba le 14 avril 1986 au Bengladesh; de véritables obus d'1 kg fondirent sur une population mal protégée, tuant au passage 92 personnes. La chute la plus dévastatrice et la plus intense se produisit le 30 avril 1888 en Inde avec des grêlons de la taille d'une balle de cricket qui tuèrent 246 personnes, certains par impact direct mais la plupart par hypothermie car elles furent blessées et en partie recouvertes par la glace qui, par endroit, forma des congères d'un mètre de haut. 1600 têtes de bétail périrent également lors de cet évènement.
Les chutes de grêle ou de grêlons peuvent également provoquer des catastrophes aériennes comme ce fut le cas pour un DC9 qui a perdu tout contrôle le 4 avril 1977 en Géorgie aux USA. Le pilote avertit la tour de contrôle de New Hope qu'un réacteur fut mis hors d'usage, que le cockpit éclata et , peu après, que le deuxième réacteur prit feu...... en essayant de se poser sous l'averse sur une route de campagne, l'avion heurta des arbres et des poteaux électriques pour s'encastrer dans un magasin et prendre feu: résultat, 68 morts !
Le 14 juillet 1953, dans la province de l'Alberta au Canada, une chute de grêle laissa au sol un sillon de 225 km de long et 8 km de large; les grêlons de la taille de balles de golf saccagèrent tout sur leur passage, les plantes furent déchiquetées et enfoncées profondément dans le sol, les arbres ne portaient plus une seule feuille; une association de protection de la nature recensa 36000 oiseaux happés par le cataclisme. Quelques jours plus tard ce phénomène se reproduisit tuant de nouveau 27000 autres volatiles.
Aux USA, pays des tornades, les chutes de grêle ou de grêlons occasionnent chaque année des dommages évalués, bon an, mal an, à 300 millions de dollars. A Johannesbourg en Afrique du Sud, en janvier 1980, eut lieu une tempête de grêle au-dessus de l'aéroport Jan Smuts où les dégâts faits aux infrastructures et aux avions ont été évalués à 10 millions de dollars. Ce même aéroport fut de nouveau touché en novembre 1983 avec 15 millions de dollars de dommages, puis encore une fois en novembre 1984 pour 30 millions....... et l'histoire ne s'arrêtera certainement pas là.
Mais le record est tenu par les Amériques en l'an de grâce1981 où l'effet dévastateur de deux orages de grêle ont pris des proportions gigantesques: 200 millions de dollars de dommages en mai au-dessus du Texas et de l'Oklahoma et 100 millions de dollars au-dessus de l'Alberta au Canada.
Ces phénomènes peuvent aussi toucher l'Europe comme ce fut le cas le 12 juillet 1984 au-dessus de Munich qui subit une tempête de grêlons qui ravagea plantes, toits et automobiles : l'évaluation des dégâts donna une dette de 700 millions de marks, mais en tenant compte des effets collatéraux et des biens non ou mal assurés la facture finale pour la Bavière a atteint la somme astronomique de 1,5 milliards de marks.
Pourtant rien ne laissait prévoir une telle violence; au contraire, les jours précédents étaient beaux, ensoleillés avec un ciel tout bleu; l'après-midi du 12 juillet on atteint la température de +30° avec la naissance d'un courant ascendant puissant formant rapidement de gros « cb ». Vers 20h la grêle se mit à tomber avec des billes de glace d'un diamètre moyen de 5 à 6 cm, les plus gros atteignant 9,5 cm et le poids de 300 g, tombant à la vitesse vertigineuse de 150 km/h. C'est l'Est de la capitale bavaroise qui fut le plus touché avec les bourrasques les plus violentes et des pluies torrentielles qui prirent le relai. Le vent y soufflait si fort que les grêlons semblaient presque tomber horizontalement, fracassant au passage vitres et vitrines. Cette tempête dura entre 20 et 30 minutes et il y eut une couche de 20 cm de glace dans les rues de la ville. Après s'être éloigné de Munich, le gigantesque orage poursuivit sa route jusqu'à 22h en perdant progressivement de sa puissance mais laissant un sillon de désolation de 300 km de long pour une surface de 1500 km2. Beaucoup d'arbres qui perdirent tout feuillage furent également déracinés. Il va sans dire que les nombreuses serres qui entourent Munich ont été totalement détruites, le verre brisé fut tellement enfoncé dans le sol qu'il fallut, par la suite, décaisser la terre impropre à la culture pour la remplacer par de l'humus frais. 70.000 bâtiments ont perdu leur toiture sans compter les fenêtres, marquises, façades, vitrines, antennes et autres objets « passés à la moulinette ». De plus les pluies torrentielles produisirent des inondations dans la ville, on ne savait plus où donner de la tête ! 250.000 voitures furent endommagées, les 24 avions présents à l'aéroport, dont un nouveau Boeing 757, subirent les mêmes dommages mais ce furent les 150 petits avions de tourisme des 4 aérodromes voisins qui furent le plus touchés. Pour les dégâts humains on recensa 400 blessés, principalement touchés à la tête, aux épaules et aux bras, mais, fort heureusement, il n'y eut pas de mort , un miracle !
Que faire devant ces véritables bombes naturelles dont on ne sait pas vraiment se protéger. Il y a bien les fusées anti-grêle que l'on tire dans les « cb » pour provoquer les précipitations dans des zones peu habitées mais cette solution a ses limites : en 1902 il y eut des expériences de ce genre en Autriche et l'on déplora 11 morts civils suite à ces tirs. Dès 1905, en Italie, fut organisée une Conférence Internationale sur la Grêle avec 65 délégués de 6 pays, pour trouver des parades à ces super »cb » ! Mais que peut-on vraiment contre le déchaînement des éléments sauf à les prévoir le plus tôt possible et à prendre les mesures appropiées pour la protection de la population.
Alors, attention, le mois des plus fortes chutes de grêles dans le monde, c'est le mois d'avril ! S'il ne faut pas « quitter un fil » avant le mois de mai comme l'annonce le dicton, ne vous promenez tout de même pas avec un casque.......SAUF SI VOUS FAITES DE LA MOTO !
Jean Beck