Le climat en Moselle – Alsace au XIe siècle de 1000 à 1050, une période de régression plus froide ! Le début du XIe siècle est caractérisé par un interstade plus froid dans cette longue période de réchauffement observée entre 750 et 1215; pendant environ 50 ans on a pu vérifier une avancée sensible des glaciers alpins, preuve, s'il en faut, d'une baisse des températures moyennes mais aussi d'importantes quantités de neige tombées sur les sommets. Ce temps plus froid qui a déjà fait sentir ses premiers effets à la fin du siècle précédent, va aussi poser d'importants problèmes au niveau de l'agriculture et le l'approvisionnement de la population. Ainsi, dès 1005, une grande famine généralisée sévit en Europe. En 1007 une catastrophe naturelle frappe la ville de Strasbourg : une violente tempête associée à un système orageux spécialement virulent et électrique, s'abat sur la ville; la foudre allume plusieurs foyers d'incendie, qui vont ravager différents quartiers, d'autant plus facilement qu'ils sont attisés par des bourrasques continues très violentes qui propagent le feu d'une maison à l'autre en un temps record, vu l’étroitesse des rues et ruelles de cette époque. Malgré les efforts des Strasbourgeois pour circonscrire les incendies, l'on dénombre plus de 1000 habitations parties en cendre, soit près de 30% des logements de la ville; de plus, plusieurs édifices sont frappés par la foudre et subissent également l'épreuve du feu : la cathédrale de Strasbourg , entièrement détruite, qui devra être reconstruite : elle le sera dès 1015 l'église St Thomas, le 2e fleuron de la ville, très endommagée également par le feu. Aussitôt, l'évêque de Strasbourg, vu l'ampleur du phénomène et le nombre élevé de sans abris, lance une grande collecte dans tout son diocèse pour venir en aide aux milliers de sinistrés strasbourgeois; c'est l'un des premiers grands élans de générosité et de solidarité que connaît notre région. En 1012 ce sont des crues importantes du Rhin qui dévastent une bonne partie de la plaine d'Alsace en faisant de nombreuses victimes emportées par les eaux tumultueuses du fleuve et en décimant une partie du cheptel. Dès 1032 une terrible famine sévit en Alsace pour 2 longues années, puis de nouveau de 1040 à 1046. La crise alimentaire est due aux mauvaises conditions climatiques avec des hivers froids et des étés frais et pluvieux; ceci est encore aggravé en 1042 par un froid vif qui s'installe dès le 1er décembre avec des gelées qui vont persister jusqu'en mars 1043. Enfin l'hiver 1049 est de nouveau très rigoureux puis le climat devient plus clément après 1050. De 1050 jusqu'à 1215/1230 : nouvelle oscillation plus douce. La période précédente, souvent qualifiée de « mini glaciation », qui a duré près de 50 ans prend fin : on n'observe plus désormais d'hivers très froids, si ce n'est l'exception de 1067 où l'on a compté 6 semaines de gel consécutives. Il faut attendre le 1er novembre 1073 pour voir apparaître un nouvel hiver très froid ; durant la mauvaise saison c'est le vent du nord prédominant, froid et sec, qui va influencer les conditions hivernales sur notre région; les gelées sont fortes et durent jusqu'au 15 avril 1074 ! Même scénario deux ans après, car, dès début novembre 1076, c'est le début de l'hiver le plus froid du siècle avec de très fortes gelées continues de décembre 1076 à janvier 1077, suivies par un redoux en février : les semences sont abîmées, les récoltes sont mauvaises et la population doit se contenter de manger du mauvais grain : un nouveau fléau apparaît, un champignon noir qui parasite les céréales, l'ergot du seigle (le seigle est de loin la céréale la plus répandue dans notre région à cette époque) favorisé par l’humidité. Ce champignon collé aux grains rend ceux-ci impropres à la consommation mais, vu la pénurie alimentaire qui s'installe, la population va devoir ingérer contre son gré ce parasite qui transmet à l'homme une terrible maladie appelée l'ergotisme ou, plus populairement les « Feux de St Antoine », car cette maladie provoque des brûlures, des démangeaisons et des hallucinations, les malades deviennent comme fous. L'ergotisme sera désormais toujours lié aux mauvaises récoltes, donc aux mauvaises conditions climatiques, quand, pour survivre, les gens démunis n'ont plus d'autre moyen de se nourrir que d'avaler les grains contaminés. Le choix était alors simple mais cruel : ou bien mourir de faim, ou bien souffrir ce mal terrible en tentant de survivre ainsi jusqu'à la récolte suivante. En 1077 l'hiver est si rigoureux que le Rhin et même le lac de Constance (Bodensee en allemand) restent gelés jusqu'à la fin mars, tant la couche de glace est importante; il gèle encore à la fin du mois d'avril; les récoltes et les vendanges sont compromises par la sévérité extrême de cet hiver implacable et la famine persiste. De 1080 à 1100 : des hivers vraiment plus doux et des étés chauds et secs L'année 1089 est l'une des seules à sortir de l'anonymat à cause d'une nouvelle vague d'ergotisme que subit la population en pleine crise alimentaire. 1094 est marquée par de nouveaux cas de peste qui apparaissent un peu partout dans notre région probablement à cause des rongeurs qui pullulent. L'année suivante, en 1095, on cumule tous les maux à la fois: la famine, l'ergostisme et la peste qui déciment la population affaiblie. Une autre année exceptionnelle, c'est 1097: c'est l'une des très rares années où l'on a pu observer en Alsace, le 27 septembre pour être précis, un phénomène extraordinaire qui a beaucoup impressionné nos ancêtres : des aurores boréales ! Jean-sébastien beck |