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    1] Il y a 100 ans chez nous (1910)


Hiver 1909/1910 : Décembre est exceptionnellement doux et très humide; il est  de 2°C au-dessus des normes : il fait +14°C le 13, +12°C le 20, +14°C en plaine le 23 décembre ; pour la veille de Noël les thermomètres indiquent des températures maximales de +13°C et encore + 12°C le 28 décembre. Cette douceur s’accompagne de fortes pluies heureusement peu fréquentes mais suffisamment importantes pour provoquer des crues locales ; pourtant les cumuls ne sont que très légèrement excédentaires.

A partir de l’année 1910 commence une série d’hivers généralement doux qui vont durer jusqu’en 1930. L’hiver 1909/1910 est en effet déjà spécialement doux et pluvieux, en moyenne de 2°C au-dessus des normes. Ainsi le mois de janvier est très bien arrosé avec un excédent de 60% : des trombes d’eau tombent notamment les 11 et 12, mais aussi du 18 au 20 janvier ;  le 18 on recueille en moyenne 18 mm en plaine alors que le sol est déjà détrempé et le lac de la Lauch reçoit un cumul de 192 mm dans la seule journée du 19 janvier ; rapidement les cours d’eau sortent de leurs lit et inondent la région un peu partout comme c’est le cas pour la Bruche qui a son débit maximum le 19. Le 20 janvier, plus au Sud, la ville de Montbéliard est sous les eaux. Les températures moyennes de janvier sont supérieures de 1°C.

Février continue sur la lancée du mois précédent : il est pluvieux, avec un excédent pluviométrique un peu moins marqué, mais qui dépasse les 30% ;  mais ce mois est encore bien plus venteux. Le 8 février Montbéliard subit la deuxième inondation de l’année. La douceur est un peu plus importante, de 1,5°C en moyenne.


 

Printemps 1910 : Mars est un tout petit peu plus doux que d’ordinaire mais, contrairement aux mois précédents il devient très sec avec de faibles précipitations, ce qui permet à la nature de s’assécher graduellement ; le déficit pluviométrique est de 60%. Il faut aussi noter un petit coup de froid tardif les 30 et 31 mars avec des températures minimales descendant à -3°C, le record pour  cet hiver  doux  en plaine !

Le printemps se poursuit dans de bonnes conditions. Le mois d’avril reste dans les températures de saison avec un léger déficit pluviométrique de 20%. Mais le 24 avril se déclenche un phénomène très rare dans les Vosges : une avalanche de neige de printemps, tombée abondamment quelques jours plus tôt, dévale les pentes du Hohneck et détruit la métairie du Frankenthal ; ce jour-là, en plaine, il fait +17°C.

Le mois de mai est très contrasté; il a des moyennes tout à fait de saison alors que, du 9 au 12 mai, il fait très frais avec d’importantes chutes de neige en montagne. Globalement  mai est assez sec avec un déficit de 30%. Le 26 mai se produit une secousse sismique dans le Jura alsacien et, peu après, une autre dans le Ried Sud de Basse Alsace, rien à voir avec la météo mais ça a bien marqué la population de l’époque.

Eté 1910 : Le mois de juin est plutôt chaud, souvent orageux et de nouveau très pluvieux; il est de 1°C au-dessus des normes.  C’est aussi le commencement d’une série de 3 mois très humides avec un cumul pluviométrique atteignant 50% du cumul annuel.

Juin reçoit des précipitations excédentaires de seulement 30% en moyenne mais le plus souvent sous des orages parfois violents. Le 4 juin une digue du Rhin se rompt et inonde en partie la plaine ; les villages de Diebolsheim et de Sundhouse sont les plus sinistrés ; ce jour-là il fait entre +16 et +17°C en plaine. Aussitôt le 15e Régiment de Pionniers, basé à Strasbourg, vient à la rescousse : cette unité d’élite allemande (l’Alsace et la Moselle sont annexés au Reich depuis 1871) réussit à colmater la brèche dès le 21 juin, mettant fin à cette catastrophe.

De juin à août le temps est vraiment catastrophique, avec des pluies fréquentes qui donnent le double des quantités habituelles ; l’été est « pourri » et très chaotique, même frais dans l’ensemble : on compte un déficit des températures moyennes de 1,5°C en juillet, de seulement 1°C en août. Début juillet ont également lieu les plus gros orages ; le 22 juillet les thermomètres atteignent péniblement les +30°C, seul pic de chaleur de l’année. Les pluies d’août sont tout aussi abondantes avec des cumuls  presque 2 fois plus importants que d’ordinaire. Les cours d’eau grossissent et parfois sortent de leur lit.


 

Automne 1910 : La fraîcheur s’accentue encore en septembre mais les pluies sont moins fréquentes et le début de la saison rentre dans les cumuls conformes à la saison, même légèrement déficitaires; ce mois est de 2°C sous les normes,  Pour comble de malchance, le vignoble alsacien est de nouveau attaqué par un ver parasite, le « Sauerwurm », qui fait des ravages ; pas la peine de vous expliquer pourquoi les vendanges sont moroses cette année-là, elles sont simplement catastrophiques : on n’a que peu de vin et de médiocre qualité.

La suite de l’automne s’annonce d’abord plus sèche puis redevient  bien humide. En effet octobre reste un mois assez sec, avec un déficit de 30%, ce qui permet de faire les vendanges cette année-là assez tardives sans trop devoir patauger dans la boue ; les températures restent dans les bonnes moyennes.

Mais novembre est de nouveau pluvieux avec de nombreuses inondations ; les pluies sont 2,5 fois plus abondantes ; il y a des inondations importantes les 9 et 10 novembre à Nancy. Novembre se montre déjà froid par moments, il est de 1°C sous les normes de saison.

Hiver 1910/1911 : Le reste de l’année se termine dans la douceur comme l’année précédente: décembre est de 2°C au-dessus des moyennes habituelles. Les pluies de décembre, beaucoup moins déraisonnables, sont pourtant excédentaires que de 40%. Pouir terminer l’année, notons que le 22 décembre le projet de Constitution de l’Alsace-Lorraine au sein du Reich est enfin rendu public mais la population se sent bernée car le futur Landtag (Parlement) relèvera toujours du gouverneur allemand (Statthalter) et n’est pas représenté au Bundesrat à Berlin ;  beaucoup perdent l’espoir d’une réelle autonomie et le fossé entre la population  et l’Administration allemande se creuse encore davantage !

 Jean Beck

 


  par Jean-Luc