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    1] quelle cause, quels effets


Le volcanisme et le climat

 

Les éruptions des volcans ont souvent provoqués des périodes froides sur notre bonne vieille Terre, comme ce fut le cas en 1815 où un hiver glacial suivi d’un été frais fut le résultat d’une activité volcanique phénoménale : les moissons et les récoltes, sans parler même des vendanges, furent médiocres et insuffisantes pour nourrie la population de notre région.

Même dans le cadre d’une période froide, très improprement appelées « petite ère glaciaire » à cause de l’avancées des glaciers alpins, il fit encore plus particulièrement froid en 1783. Une fine couche de « brouillard » persista une grande partie de l’été de cette année au-dessus de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie, voilant ainsi l’astre du jour d’une manière durable ; le temps se refroidit vite et les chutes de neiges furent également précoces cette année-là.

1783 est une année clef car, pour la première fois dans l’histoire de la météorologie, on comprit ce phénomène exceptionnel grâce à Benjamin Franklin, plus connu pour l’invention du paratonnerre. Ce savant fit la relation entre ce que les gens prenaient pour un fin brouillard alors qu’il s’agissait des fumées et poussières provenant de l’éruption du volcan Hekla en Islande ; ce voile de poussières d’origine volcanique fut transporté et étalé par les vents tout autour du monde en empêchant les rayons de soleil de percer et de réchauffer normalement la planète. Près de 200 ans plus tard on comprit également que le soufre présents dans les rejets des volcans était le principal responsable de ce refroidissement : en effet ce fin nuage sulfureux et corrosif d’oxyde de soufre est capable de se maintenir assez longtemps dans l’atmosphère, d’absorber et de réfléchir une partie importante du rayonnement solaire.

La fin du XVIIIe et le XIXe siècle furent marqués par des activités volcaniques turbulentes. Après l’Islande en 1783, ce fut l’éruption des Açores en 1811, celle du volcan indonésien, le Tambora, en 1815, de l’île Graham en 1831, celle du Nicaragua en 1835, encore une fois en Islande en 1875, le Krakatoa en 1883 et celle du Japon en 1888.

Une étude faite au niveau mondial sur l’évolution des données météorologiques montre bien des changements de températures après chaque éruption. Prenons l’exemple du volcan Tambora : en avril 1815, lorsqu’il explosa en Indonésie, ce fut l’une des plus grande explosion des 10.000 dernières années semblerait-il, avec des rejets de plus de 100 km3 de cendres projetés dans l’atmosphère ( à comparer avec les 10 km3 du Krakatoa en 1883 et l’unique petit km3 de l’explosion du St Hélène en 1980) . Il y eu une telle couche de cendres dans le ciel que les températures chutèrent démesurément car même la Tamise finit par geler à Londres l’hiver qui suivit. La température moyenne ne tomba pourtant que d’environ 1°C mais l’année suivante en 1816, il n’ y eut pas d’été du tout avec les températures les plus basses enregistrées pour un mois de juin. Selon les rumeurs, il y eut les pires vendanges connues depuis le XVe siècle cette année-là, les récoltes furent catastrophiques et la famine menaça particulièrement la France, la Suisse et l’Allemagne.

L’éruption des Açores en 1811 provoqua l’hiver glacial de1812 et le  « général Hiver » fut l’un des facteurs de la défaite des armées napoléoniennes en Russie : en effet, Napoléon atteint Moscou le 14 septembre 1812, les Russes brûlèrent en grande partie la capitale pour démunir les Français et le 19 octobre débuta la trop tristement célèbre retraite de Russie dans un climat hivernal particulièrement rude auquel nos soldats n’étaient pas du tout préparés. Après le 7 novembre le froid devint extrême, il fit -15°C le 9, -26°C le 17 et -37°C le 3 décembre, c’est dire ! Les 388.000 hommes que commandait Napoléon furent décimés par le froid, le manque de ravitaillement, les épidémies, les désertions et beaucoup moins par la mort au combat.

La plus apocalyptique des éruptions volcaniques du XIXe siècle fut celui du Krakatoa le 27 août 1883 ; c’est une île située entre Java et Sumatra en Indonésie. L’explosion fut d’une telle violence que le bruit qui retentit fut le plus fort jamais connu sur la planète car on put l’entendre à des centaines de kilomètres. Poussières et fumées furent projetées directement dans la stratosphère où elles continuèrent de faire le tour de la Terre pendant des années ; un nouveau voile cerna notre ciel et notre soleil pâlit, donnant des teintes presque surréelles au couchant avec des teintes d’un rouge carmin profond.

Plus proche de notre époque, lorsque l’El Chico se mit à cracher les entrailles de la Terre au Mexique en 1982, ce phénomène se reproduisit et un nouveau voile entoura notre planète pendant près d’un mois et les températures baissèrent sur tous les continents : rappelez-vous l’hiver froid et neigeux que nous avons connu en 1981/1982. L’éruption du Pinatubo dans les Philippines en juin 1991 fournit un apport de 15 millions de tonnes de soufre qui maintint dans l’atmosphère un nuage d’oxyde de soufre réduisant le rayonnement solaire et faisant baisser les températures moyennes de 0,5°C.

Mais toutes ces dernières éruptions ne représentent que peu de bouleversements si on les compare à celle du Toba à Sumatra ; ce volcan explosa littéralement il y a 73.500 ans et les géologues pensent que ce fut l’éruption la plus gigantesque depuis un million d’années. Cette éruption correspond à un grand changement climatique marqué par un refroidissement spectaculaire de la planète. La couche de poussière et de soufre autour de la Terre fut si importante qu’elle provoqua la dernière ère glaciaire. Les tempêtes de neige furent si fortes et durables sur l’hémisphère nord qu’une couche de neige permanente recouvrit une bonne partie des terres les plus septentrionales ; la Scandinavie, l’Ecosse, le Canada furent pris dans les neiges éternelles ; ce manteau neigeux fit office de réflecteur et les rayons de soleil, même en été, ne purent réchauffer correctement notre atmosphère. Toute la planète subit un climat froid et assez sec durant des milliers d’année, les glaciers réapparurent même dans les Vosges et dans le Jura …… à la grande joie des mammouths qui hantaient alors la plaine d’Alsace, sorte de steppe balayée par les vents. Le niveau des mers baissa et l’on pouvait sans crainte se rendre à pied sec en Angleterre ! Tout cela après l’éruption du Toba !

Alors à quand la prochaine éruption ? Ne pourrait-elle pas être un remède à notre réchauffement climatique ?

Par Jean Beck


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